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L'Homme de Kiev film streaming regarder en ligne avec sous-titres anglais FULLHD


Note moyenne. 4.14 / 5 (sur 53 notes) L'homme de Kiev

Un homme juif, simple rйparateur de son йtat, puis gйrant d'une petite briqueterie de Kiev, est arrкtй en 1911. On l'accuse d'кtre l'auteur d'un « meurtre rituel », qui a eu lieu sur la personne d'un jeune garзon du voisinage.
Cette absurde accusation le tient deux ans et demi en prison, au cours desquels il subit les pires sйvices, avant que s'ouvre le procиs qui fera йclater son innocence.
Bien que partant d'un fait historique prйcis, la cйlиbre affa. >Voir plus

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Que dire de ce roman sans hurler les inйvitables sentiments contradictoires de rйvolte et d'impuissance qu'il nous inspire ?
Que dire. sinon que ce n'est pas fini et que cette ignominie qui se dйroule en 1911 est, encore et toujours, d'actualitй. Ici. ailleurs. sous les mкmes prйtextes. ou d'autres. Qu'importe. Ni le fond ni la forme n'ont changй. Comment pourrait-il en кtre autrement puisque l'Homme, lui-mкme, ne change pas.
Les tragйdies se dйplacent et reviennent. On ne tire de leзon de rien. On oublie, on passe а autre chose et on s'imagine а l'abri alors que tout peut basculer d'un instant а l'autre, pour un, pour dix, pour cent ou des milliers.
Et il en sera ainsi tant que l'on n'apprйhendera notre "йvolution" que sous un aspect exclusivement matйriel, йconomique, technologique, que sais-je. alors que c'est sur le plan psychologique qu'une йvolution vйritable et pйrenne doit se rйaliser.
La lecture de ce roman m'a йtй difficile. Non parce qu'il est compliquй (ce n'est pas le cas) mais parce que, chaque soir, en le refermant, je m'endormais avec de sombres images dans le crвne qui perturbaient mon sommeil.
Mais je n'ai aucun regret car le moins que je pouvais faire йtait d'aller jusqu'au bout de ce rйcit insoutenable de rйalisme et de dйsespйrance.

Les critiques presse (2)

Une grande fable morale, doublйe d'une rйflexion sur la culpabilitй et les sources de l'antisйmitisme, toujours d'actualitй.

C'est comme une parfaite dйcouverte, ou presque, que s'offre aujourd'hui а lire L'Homme de Kiev (The Fixer, 1966, National Book Award et prix Pulitzer en 1967), sombre et baroque fable politique et mйtaphysique mettant en scиne, dans la Russie tsariste du dйbut du xxe siиcle, le destin dramatique d'un artisan juif, accusй du meurtre rituel d'un enfant chrйtien et jetй aux fers.

Il logeait au cњur du quartier juif, en plein Podol, dans une maison surpeuplйe, aux fenкtres encombrйes de matelas mis а l’air et de guenilles en train de sйcher, au-dessus d’une cour bordйe de baraques en bois, petits ateliers oщ chacun s’activait sans pour autant gagner grand-chose, de quoi subsister tout au plus. Le rйparateur voulait plus que ce qu’il avait eu jusqu’alors. cent fois rien. Pour un temps, jusqu’а ce que cessent les pluies froides de l’automne а son dйclin, il se cantonna dans le quartier juif. Mais dиs la premiиre chute de neige sur la ville – un mois environ aprиs son arrivйe -, il reprit ses sorties, en quкte de travail. Son sac d’outils sur l’йpaule, il explora toutes les rues de Podol et de Plossky, quartiers commerзants de la ville basse qui s’йtendaient jusqu’au fleuve, puis gravit les collines pour se risquer dans les districts oщ les Juifs n’avaient pas le droit de travailler. Yakov continuait а se dire qu’il cherchait des occasions bien que, ce faisant, il eыt parfois l’impression d’кtre un espion derriиre les lignes ennemies. Le quartier juif, identique depuis des siиcles, grouillait et puait. Ses biens temporels se rйsumaient en biens spirituels ; tout ce qui manquait, c’йtait la prospйritй. Et le rйparateur qui avait quittй le shtetl s’irritait de cette pйnurie. Il avait essayй de travailler pour un fabricant de brosses, homme а la barbe hirsute qui lui avait promis de lui enseigner le mйtier. Une assiette de soupe lui tenait lieu de salaire. Il avait donc prйfйrй en revenir а son йtat de rйparateur, ce qui ne lui rapportait rien non plus, sinon parfois un peu de soupe. Pour une vitre cassйe, on se contentait d’obstruer l’ouverture avec de vieux chiffons et de dire une bйnйdiction. Yakov offrait de la remplacer moyennant pitance et, le travail accompli, recevait des remerciements, des bйnйdictions et une assiette de soupe aux nouilles. Il menait une vie frugale dans un rйduit bas de plafond, chez Aaron Latke, employй d’imprimerie, et dormait sur une banquette recouverte d’un sac de jute. L’appartement regorgeait d’enfants et de matelas de plume malodorants. А mesure que le rйparateur se sйparait de ses kopeks sans en gagner un seul, son anxiйtй augmentait. Il йtait а prйsent convaincu qu’il lui fallait soit s’installer dans un endroit oщ il pыt gagner sa vie, soit changer de mйtier, sinon peut-кtre les deux. Peut-кtre aurait-il plus de chance chez les goyim. En tout cas зa ne pourrait guиre кtre pire. Et d’ailleurs, quel choix un homme a-t-il quand il ignore la nature de ses choix. Il voulait connaоtre le monde. Aussi quitta-t-il le ghetto а l’insu de tous.

De bonne heure ce matin-lа, par la petite fenкtre а croisillons de sa chambre (au-dessus de l’йcurie avec vue sur la cour de la briqueterie), Yakov Bok aperзut des Russes aux longs manteaux qui couraient dans la mкme direction. Vaп iz mir, songea-t-il inquiet, il a dы arriver un malheur. Dйbouchant des rues enneigйes qui cernent le cimetiиre, les gens fonзaient, seuls ou par groupes, vers les grottes du ravin, certains mкme piйtinant la gadoue au milieu de la rue pavйe. Yakov cacha aussitфt la petite boоte de fer-blanc recelant ses йconomies – quelques roubles d’argent – puis descendit prйcipitamment dans la cour pour essayer d’apprendre le motif d’une telle effervescence. Il interrogea Proshko, le contremaоtre qui traоnait prиs des fours а briques fumants, mais ce dernier se contenta de cracher par terre sans mot dire. Il sortit alors dans la rue oщ une paysanne au visage osseux, coiffйe d’un chвle noir et lourdement vкtue, lui annonзa qu’on avait trouvй dans les parages le cadavre d’un enfant. « Oщ. » demanda Yakov. « Un enfant de quel вge. » Elle rйpondit qu’elle l’ignorait et s’йloigna rapidement. Le lendemain, le Kievlyanin rapportait qu’а une verste et demie environ de la briqueterie, deux garзons de quinze ans, Kazimir Selivanov et Ivan Shestinsky, avaient dйcouvert dans la grotte humide d’un ravin le corps d’un jeune garзon assassinй, Zhenia Golov, вgй de douze ans. Celui-ci йtait mort depuis plus d’une semaine, et son corps criblй de coups de couteau avait йtй saignй а blanc. Aprиs son enterrement dans le cimetiиre proche de la briqueterie, Richter, l’un des charretiers, revint avec une poignйe de tracts accusant les Juifs du meurtre. Yakov remarqua que ces feuillets йtaient l’њuvre de l’organisation des Cent-Noirs. Sur la premiиre page figurait leur emblиme, l’aigle impйrial bicйphale soulignй par la devise. Dйlivrez la Russie des Juifs. Cette nuit-lа dans sa chambre, Yakov, fascinй, lut que des Juifs avaient saignй а mort le garзon а des fins religieuses pour recueillir un sang destinй а la fabrication dans la synagogue des matsot de la Pвque juive. Le ridicule de la chose n’empкcha pas Yakov de s’en effrayer. Il se leva, s’assit, se leva de nouveau, alla vers la fenкtre puis regagna prйcipitamment sa place pour reprendre la lecture du journal. Il йtait inquiet parce que la briqueterie se trouvait dans le quartier de Lukianovsky oщ les Juifs avaient interdiction de rйsider. Or il y habitait depuis des mois sous un nom d’emprunt et sans certificat de rйsidence. Il redoutait le pogrom dont le journal brandissait la menace, n’oubliant pas qu’un an а peine aprиs sa naissance, son propre pиre avait йtй tuй au cours d’un incident, moins grave certes qu’un pogrom quoiqu’encore plus vain. Deux soldats ivres avaient descendu les trois premiers Juifs rencontrйs en chemin. son pиre avait йtй le deuxiиme. Mais, jeune йcolier, Yakov avait йtй tйmoin d’un vrai pogrom. un raid cosaque de trois jours pleins. Au matin du quatriиme jour, les maisons fumant encore, on fit sortir Yakov de la cave oщ il s’йtait terrй en compagnie d’une demi-douzaine d’autres mioches ; il vit alors un Juif а barbe noire, une saucisse blanche plantйe dans la bouche, gisant en pleine rue sur un tas de plumes ensanglantйes tandis que le porc d’un paysan lui dйvorait le bras.

Mais, jeune йcolier, Yakov avait йtй tйmoin d'un vrai pogrom. un raid cosaque de trois jours pleins. Au matin du quatriиme jour, les maisons fumant encore, on fit sortir Yakov de la cave oщ il s'йtait terrй en compagnie d'une demi-douzaine d'autres mioches ; il vit alors un Juif а barbe noire, une saucisse blanche plantйe dans la bouche, gisant en pleine rue sur un tas de plumes ensanglantйes tandis que le porc d'un paysan lui dйvorait le bras.

Il se remйmorait certains йpisodes de la vie de Spinoza. comment les Juifs l'avaient maudit а la synagogue ; comment, pour ses idйes, un assassin avait essayй de le tuer en pleine rue ; comment il vйcut et mourut dans sa petite chambre, mйditant, йcrivant et pour gagner sa vie taillant des lentilles jusqu'а en avoir les poumons rongйs par la poudre de verre.
Il йtait mort jeune, pauvre et persйcutй, et nйanmoins le plus libre des hommes.

Quand il songe а ce qui lui est arrivй – а ce qui lui arrive – il frйmit de colиre. toute une sociйtй dressйe contre Yakov Bok, pauvre hиre avec sans doute un soupзon d’instruction, mais innocent en tout cas du crime dont on l’accuse.
Quelle chose йtrange et extraordinaire pour un homme comme lui – rйparateur de son йtat et qui n’a jamais rien fait de mal, sinon de vivre quelques mois dans un quartier interdit – d’avoir pour ennemi jurй l’Etat russe tout entier а travers le tsar et ses officiels, et cela pour la seule raison qu’йtant nй juif il est son ennemi dйsignй, bien qu’en vйritй il ne soit dans son cњur l’ennemi de personne, sinon de lui-mкme.
P.351

THE TENANTS is based on the novel by Pulitzer Prize-Winning author Bernard Malamud