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VIDEO. «Bienvenue à Marly-Gomont». Kamini, star en Picardie

> Cinéma > Cinéma | De nos envoyés spéciaux à Marly-Gomont (Aisne) HUBERT LIZÉ ET AURÉLIE LADET | 08 juin 2016, 5h29 | MAJ. 08 juin 2016, 9h00 |

A travers le film « Bienvenue à Marly-Gomont », Kamini, qui a écrit le scénario, rend hommage à ses parents, notamment à son père.

C’est l’histoire du rappeur Kamini, dont la famille a débarqué en Picardie en provenance du Congo au milieu des années 1970, qui a inspiré cette comédie réussie.

Dans les rues de Marly-Gomont, au cœur de la Picardie profonde, Kamini est aussi populaire que le fut Poupou sur les routes du Tour de France. Pas un conducteur de voiture immatriculée dans le 02 qui ne passe sans klaxonner le rappeur d’origine congolaise, ou stopper pour faire un selfie et lui claquer la pogne avec une pointe de fierté. Depuis son tube de 2006 qui a fait de ce village de 471 habitants — un coiffeur, une pharmacie, un cabinet médical, des vaches et des champs de betteraves — la capitale de la France rurale, l’artiste black de 36 ans, qui vit aujourd’hui à Lille, est le héros du coin.

« Quand la chanson est sortie, les gens venaient même de très loin pour se photographier devant le panneau du village », se souvient l’ancienne maire, Odile Gourlin. Dix ans plus tard, la vague de popularité est sur le point de repartir. La comédie de Julien Rambaldi « Bienvenue à Marly-Gomont », qui sort aujourd’hui sur les écrans, raconte comment, en 1975, le docteur Seyolo Zantoko (Marc Zinga), son épouse Anne (Aïssa Maiga) et leurs trois enfants ont décidé de s’établir dans ce bout de France profonde où il n’y avait plus de toubib. Kamini lui-même a écrit le scénario.

« Au départ, je voulais en faire une sitcom dans le style le Prince de Bel Air. raconte le jeune homme à la coupe de cheveux défrisés emblématique. Mais la mort de mon père en 2009 (NDLR. dans un accident de la route) m’a conduit à en faire un film. Un hommage au parcours de mon papa. » Médecin respecté, Seyolo Zantoko a pourtant dû batailler ferme pour se faire une clientèle ici. Et la famille a essuyé plus d’une fois les sarcasmes d’un racisme ordinaire. « Ils n’avaient jamais vu de Noirs de leur vie, parfois, on leur faisait même peur, alors, au début c’était un peu dur », se rappelle la mère de Kamini. Les mômes, eux, Kamini, son frère Vincent et sa sœur Sivi, ont dû subir les quolibets des autres enfants à l’école. Mais au foot, Kamini devenait la Flèche noire. Une vedette. « Lui et son frère étaient de sacrés dribbleurs. Quant à son papa, tout le monde l’admirait. Il restait des heures à discuter avec ses patients », souligne Vincent Maton, un ami enseignant de la région.

« Bienvenue à Marly-Gomont » ne veut pas donner de leçons, mais il délivre discrètement quelques messages derrière les situations comiques. « Les problèmes liés à la différence, c’est ancestral, ça existe partout, et aussi chez les enfants, relativise Kamini. Mais comme mon père me l’a toujours dit. il ne faut pas victimiser. On avait conscience que malgré tout, on n’était pas au Texas, poursuivis par des mecs avec des cagoules blanches. Et parfois même, ta différence, tu peux en faire une force. Si j’avais été le seul roux à l’école primaire, ça aurait été pareil. Au bout de quelque temps, les gens disaient. Le meilleur médecin du coin, c’est le Noir. »

Devant sa maison d’enfance, où son père avait son cabinet, Kamini, l’ex-infirmier psychiatrique, revoit défiler toutes ces folles années. « J’ai mille souvenirs ici. Et je revois mon papa, né orphelin dans un pays en guerre, devenu un médecin respecté en Picardie. Un modèle pour moi et un vrai personnage de cinéma ». Seyolo Zantoko n’a pas sa statue près de celle du poilu de 14-18 à Marly-Gomont, mais il a marqué durablement le cœur des habitants. A la mairie, l’actuel maire, Dominique Delach, est ravi de voir débarquer toute l’équipe du film. « Les gens sont contents de la notoriété qu’il a donnée au village ». Aux Africains, Marly-Gomont reconnaissant.

En 1975, fraîchement diplômé de médecine, le docteur Seyolo Zantoko, originaire du Congo, s’installe avec sa famille dans le village de Marly-Gomont, au fin fond de la Picardie profonde. L’arrivée d’une famille de Noirs fait l’effet sur les habitants d’un débarquement d’extraterrestres, et le cabinet du toubib reste désespérément vide. Quant aux enfants, ils sont moqués à l’école, soumis au racisme ordinaire. Mais papa Zantoko s’accroche et trouve l’aide d’un vieux paysan. Quant aux gamins, ils sont bosseurs en classe et doués au football. Petit à petit, les Blacks s’intègrent au pays des vaches et des betteraves…

VIDEO. Cinéma. « Bienvenue à Marly-Gomont », l'histoire vraie de la vie de Kamini

Une comédie à la fois drôle, tendre et décapante ****

A l’image du rap irrésistible qui fit de Kamini le héros de Marly-Gomont il y a dix ans, ce biopic de l’histoire de sa famille est à la fois drôle, tendre, émouvant et décapant. Le réalisateur a su trouver le ton juste pour évoquer l’ostracisme ordinaire dont sont victimes les gens venus d’ailleurs, sans surligner les situations, ni trop stigmatiser les protagonistes. On retrouve l’atmosphère bienveillante d’une autre comédie du même style, « la Première Etoile », servie par des acteurs épatants.

Comédie française de Julien Rambaldi, avec Marc Zinga, Aïssa Maïga, Jonathan Lambert, Rufus. 1h36.

De nos envoyés spéciaux à Marly-Gomont (Aisne) HUBERT LIZÉ ET AURÉLIE LADET Le Parisien